Maison aux Livres

Ile-de-France - France

Monsieur Émile Rousset, jeune architecte de la région, cherchait un petit coin de paradis avec sa femme pour s’y installer et s’évader chaque week-end. Cette maison leur permettrait de fonder la famille dont ils ont toujours rêvé. Étant très pris par son métier la semaine et les week-ends, Monsieur Rousset n’avait pas beaucoup de temps à consacrer pour investiguer la région et trouver la maison idéale.


Il missionna ses amis proches pour sillonner la campagne environnante et lui trouver la perle rare. Ses seules exigences étaient un besoin de nature et de calme. Les amis de monsieur Rousset se mirent donc à la recherche de cette future maison.


Lors d’une promenade en forêt de l’Antigues, son ami, Jacques, découvrit, par hasard, une maison singulière, composée d’une tour et d’un corps de bâtiment en L. Les abords de la maison n'étaient pas très bien entretenus. Le lieu semblait délaissé. Mais un détail attira l’attention de Jacques : de la fumée s’échappait de la cheminée. La maison semblait habitée.


Jacques s’approcha du portail rouillé et sonna. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit et un petit monsieur très âgé s’avança vers lui. Les deux hommes parlèrent ensemble de longues minutes dans le froid. Bientôt, le vieil homme proposait à Jacques de lui offrir un café à l’intérieur. Le vieux monsieur semblait très content de cette rencontre et les deux hommes restèrent un long moment à discuter ensemble. Au moment du départ de Jacques, le vieux monsieur semblait attristé. Il remercia chaleureusement son invité. Jacques comprit que c’était la première visite qu'il recevait depuis un long moment. Avant de s’éloigner de la maison, Jacques prit quelques photos des extérieurs. Ces photos allaient compléter son atlas personnel des lieux incontournables de la région.

 

Lors d’un dîner avec son ami Émile, Jacques évoqua cette maison qu’il avait vu et qui pouvait correspondre à son projet d’achat. Émile décida de suivre Jacques afin de rencontrer le propriétaire de cette maison. Pendant cette marche, Émile se prit à savourer le calme de la forêt. Après avoir traversé la forêt pendant plus d'une demi-heure, les deux hommes arrivèrent devant la maison. Jacques sonna. Les deux amis patientèrent dehors. Malgré le froid de l’hiver, le vieux monsieur ne semblait pas avoir fait de feu. Des lumières étaient allumées.  Après de longues minutes d’attente et malgré plusieurs relances de sonnette, personne ne vint leur ouvrir. Émile décida d’escalader le portail pour entrer dans le jardin et alla frapper directement à la porte de la maison. Jacques le suivit.


Ils firent le tour de la maison. Soudain, Jacques se figea devant une fenêtre. Émile le rejoignit et se figea à son tour. Le vieux monsieur était couché sur la table de la cuisine, inerte. Les deux amis décidèrent d’entrer par la porte principale restée ouverte et d’appeler la police.  En attendant leur arrivée, Émile eut la sombre idée d’écrire une fausse lettre le désignant comme légataire de la maison. Son ami Jacques tenta de l'en dissuader, en vain. Émile semblait déterminé. Il rédigea la lettre tandis que le corps du vieux monsieur gisait encore à quelques mètres. Émile glissa la lettre sous le bras du vieil homme et lui plaça le stylo dans la main. Les deux amis entendirent une sorte de souffle résonner dans toute la maison. 


À l’arrivée de la police, Émile et Jacques firent mine de ne pas connaitre l’existence de la lettre. Elle fut saisie le temps d’élucider les circonstances de la mort.  Après plusieurs semaines, l’enquête conclut à une mort naturelle. Le vieux monsieur n’avait pas de descendants. Dans sa lettre, il avait indiqué vouloir léguer sa maison à la seule personne qui avait été présente durant ses derniers jours : Émile Rousset.



Émile et sa femme emménagèrent dans la maison. Le couple décida de construire une petite maison annexe afin de pouvoir y loger leurs amis ainsi que la famille de sa femme lorsque celle-ci viendrait passer quelques jours. Ainsi, la « Maison aux livres » fut construite. Au fil des années, le couple passaient de plus en plus de temps dans cette maison annexe. Bientôt, elle deviendrait leur résidence principale.


Aline, la femme d'Émile, ne se sentait pas à l'aise dans la grande maison. Elle disait ressentir de mauvaises ondes, une sorte de présence qui se manifestait fortement en l’absence de son mari.  Parfois, des portes claquaient alors qu’aucune fenêtre n’était ouverte. Le soir, les lumières s’allumaient et s’éteignaient sans raison. Une multitude de phénomènes l’inquiétait. Ce déménagement était aussi motivé par la grossesse d’Aline. Le couple allait avoir leur premier enfant. Elle ne voulait pas mettre au monde un enfant dans un lieu si angoissant. La petite maison semblait plus adaptée à la venue d’un nouveau-né et Aline n’y avait jamais vécu de phénomènes étranges. Aline aimait lire. Elle passait ses soirées à côté du poêle à bois à dévorer ses ouvrages. Mais petit à petit, cette sérénité disparut pour laisser place à l'angoisse. La lecture dans le salon devenait difficile. Elle apercevait à de nombreuses reprises ce qui lui semblait être des ombres passant devant les fenêtres. Ces ombres ne faisaient pas le moindre bruit. Mais, à leur passage, l’intensité de la lumière baissait et l’ambiance devenait pesante. Parfois, des coups brusques venaient frapper les portes ou les volets.


Ces phénomènes se produisaient la nuit quand Aline était seule. Émile, lui travaillait beaucoup dans son bureau. Il n’était jamais témoin de ces phénomènes. Un jour, il demanda à un médecin d’examiner sa femme pour connaitre l’origine de ses angoisses. Le couple s'inquiétait  pour la santé de leur futur enfant. Le médecin examina sa femme et conclut finalement à des hallucinations liées à la grossesse. Aline entamait son huitième mois de grossesse. Les phénomènes semblaient s’intensifier. Le soir du 14 septembre, la pluie tombait fortement depuis plusieurs heures, quand, alors plongée dans la lecture d’un roman de Balzac, l’intensité de la lumière du salon diminua fortement, à nouveau. En face d’elle, la porte fenêtre donnait sur le jardin. Le voilage qui recouvrait les rideaux laissait entrevoir la silhouette d’un vieux monsieur de l’autre côté du vitrage. Aline hurla. Son mari sortit de son bureau et se précipita dans le salon. Aline, terrifiée, lui désigna la fenêtre. Il s’arma de son fusil et le pointa en direction de la fenêtre. Personne. Émile fit le tour de la propriété afin de trouver l’intrus, sans succès. Il demanda alors à sa femme de lui décrire la personne. Aline lui dressa un portrait. La description progressant, Émile comprit. La description d’Aline coïncide avec l'apparence du vieil homme.

 

Le soir du 9 octobre, les premières contractions apparurent . Aline décida de partir à l’hôpital en voiture. Elle prit le temps d’écrire un mot à son mari, n’ayant réussi à le joindre par téléphone, lui disant de la retrouver à la maternité. Émile rentra tard du bureau. En arrivant devant la maison, sous une pluie battante, il remarqua que la voiture de sa femme avait disparu. Il entra dans la maison et en fit le tour. Aucune trace d’Aline. Il finit par trouver le mot de sa femme dans la cuisine. Avant de partir, le téléphone sonna. Émile décrocha. Au téléphone, l’inspecteur lui annonça une terrible nouvelle. Sa femme avait eu un accident sur la route de la maternité. Elle avait été est conduite en soins intensifs. La vie de sa femme et de leur bébé était en jeu. Émile partit dans la précipitation sous la pluie pour rejoindre sa femme. Il n’arriva jamais à l’hôpital. Sa voiture fut retrouvée, accidentée, au petit matin dans un champs. Sa femme, ainsi que le bébé qu’elle devait mettre au monde décèderont dans la nuit.

 

Depuis ce jour, le temps s’est arrêté dans cette maison.  


Découvrez notre vidéo de la Maison aux livres

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