Château de Bellemont
Nouvelle-Aquitaine - France
Son plan reprend celui des châteaux forts : un mur d’enceinte, une tour dans chaque angle, lesquelles s’articulent autour d’une cour carrée. La tour centrale rappelle le donjon du château. La construction est également ceinturée par d’anciennes douves. Au fil des siècles, le château subit différentes transformations, avec notamment, la modification du mur d’enceinte médiévale qui devient deux ailes. A l’Ouest se trouve des appartements et à l’Est des bureaux donnant sur la chapelle.
La famille de vicomtal possède le château du début du XVIe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe. Elle subit directement le contrecoup de la Révolution de 1789. Fuyant la révolte, le château est pillé puis abandonné pendant de nombreuses années. Il est acquis par la famille de Chauvin le 11 septembre 1849 pour une somme dérisoire. François de Chauvin passera vingt ans de sa vie à le restaurer. Aidé des compagnons de la région, le château retrouve peu à peu sa splendeur d’antan. Le château de Bellemont apparaît à cette époque comme l’une des plus belles résidences d’Aquitaine.
"La renommée mondiale des bouteilles produites au château attire les investisseurs. Parmi les potentiels acquéreurs se distingue un homme : François Xavier Maderet."
En 1903, le comte de Bremond rachète le domaine. Il décide de profiter de l’emplacement pour transformer le domaine et les terres en domaine viticole. Il fait supprimer certains bosquets d’arbres et fait reculer la forêt. Il organise de nombreuses chasses pour éradiquer les animaux qui empiètent de plus en plus sur ses terres. Une fois le terrain dégagé, il fait planter les premières terres de vignes. La qualité de ses récoltes lui permet, après plusieurs années, de produire en quantité et de mettre en bouteille sous une appellation très célèbre. L’exploitation est reprise par les descendants du comte de Bremond jusqu’en 1983.
Cette même-année, le château ainsi que le domaine viticole sont mis en vente. La renommée mondiale des bouteilles produites ici, attire les investisseurs. De grandes fortunes des pays du Golf, d’Amérique du nord, ou encore d’Asie, tentent de mettre la main sur cette célèbre appellation, espérant s’accaparer une partie du patrimoine viticole français. Parmi les potentiels acquéreurs, se distingue un homme : François Xavier Maderet.
Cet homme influent a fondé, quelques années auparavant, la société Champagne du Grand-Est. Bien connu dans sa région natale, il souhaite à présent se diversifier et investir dans le vin. Pour s’assurer de son acquisition, François Xavier Maderet utilise tous les moyens plus ou moins légaux pour obtenir les clefs du château.
A plusieurs reprises il se fait passer pour un amoureux des vieilles pierres et du patrimoine français. Il va également jusqu’à rencontrer le maire du village, qu’il sait très attaché au château, mais aussi et surtout, ami de la famille. Après quelques semaines de réflexion, l’heure est venue pour la famille de Bremond d’adjuger la vente du domaine. C’est sans surprise que François Xavier Maderet se voit attribuer le château. Ce dont la famille ne se doute pas encore, c’est qu’elle va assister à la lente agonie du château. En effet, François Xavier Maderet est un homme d’affaire redoutable qui n’a en réalité que faire du sort du château et souhaite seulement en tirer un maximum de profit par la renommée du vin qui s'y produit. Il abandonne rapidement le château et se recentre sur son activité viticole. Pendant de nombreuses années, les revenus de la société Champagne du Grand-Est vont bon train. C’est la maison régionale qui fait le plus de bénéfice au cours des vingt dernières années. Les riverains, agacés de voir le château se dégrader jour après jour, alertent les autorités de la région. Elles commencent alors à enquêter sur la société.
L’enquête progresse rapidement. Bientôt les premières incohérences apparaissent : volume de vin vendu, volume de perte, nombre de bouteilles produites, nombre d’étiquettes produites, etc. Le voisinage parle également d’étranges balais de camion se déroulant à la nuit tombée. Après plus d'un an d'enquête, l’Organisme de Contrôle de la Qualité des Vins, la gendarmerie et les douanes arrivent à la même conclusion : François Xavier Maderet se livre à un trafic de vin d’étoiles. Il s’agit de mélanger des vins de terroirs bien moins prestigieux, parfois même de mauvaise qualité, avec ceux du domaine. Ces bouteilles bon marché sont ensuite vendues dans les grandes surfaces de la région et auprès de nombreux fournisseurs. Selon les douanes, la fraude s’élève à près de 10 000 000 euros.
François Xavier Maderet est incarcéré pendant plusieurs mois avant de finalement retrouver la liberté. La justice a récemment rendu son jugement. Elle autorise l'homme à exercer sa fonction d’exploitant viticole mais le condamne en retour à remettre en état le château.
Le château est toujours à l'abandon.