Bateau "Le Refouleur"

Yvelines - France

Le Refouleur dépérit le long de la Seine, à l’abris des regards. Il fut découvert à la suite d’une longue enquête relative à la disparition du navire-pousseur le Vauban, de la barge Refouleur n°1 et des hommes d’équipage.


Cela fait plus de vingt ans que cette barge attend son démantèlement. Les habitants des environs l’utilisent comme plongeoir lors des fortes chaleurs et transforment le pont en solarium. L’endroit dans lequel le Refouleur vit ses derniers instants est calme et paisible. Lorsque nous approchâmes de ce qui s’apparentait à un navire fantôme, seul le bruit du vent qui traverse les arbres et les nombreux vols d’oiseaux vinrent briser le silence du lieu.


Dans les années 1970, Monsieur Roussel créa la Compagnie des Refouleurs. La société comptait quatre navires pousseurs couplés chacun à une barge « Refouleur ». Ces navires étaient missionnés pour des tâches de transfert de matières liquides, notamment le pompage lors de la construction d’ouvrages dans l’eau ou encore pour des vidanges de cuves de bateaux. Diplômé en architecture navale, Monsieur Roussel conçut quatre berges identiques pour sa société. Ce sont des « Refouleurs ». Elles ont une largeur de 10m, une longueur de 30m, et une hauteur de 5m. Elles disposaient d'un système d’aspiration importé des Pays-Bas. La pompe était alimentée par un double bloc moteur de 12 cylindres chacun développant une puissance de plus de 4500ch.

"Monsieur Roussel reçut une demande de traitement d’hydrocarbures pour un bateau qui s’est échoué sur les rives de la Seine. Il s'agit du Léopoldville."

Le 16 juillet 1986, Monsieur Roussel reçut une demande de traitement d’hydrocarbures pour un bateau qui s'était échoué sur les rives de la Seine à proximité de la ville de Vieux-Port. Il s'agit du Léopoldville, un navire marchand appartenant à une société belge. A la suite d’une panne moteur, le navire avait heurté le rivage ce qui fendit le réservoir de carburant. Le fuel menaçait de se déverser dans la mer qui n'était qu’à quelques kilomètres.


Il s’agissait à première vue d’une mission tout à fait normale, sans grandes difficultés. Le bateau-pousseur « Vauban » s’amarra à la barge « Refouleur n°1 » , quitta son port d’attache de la Seine-et-Marne et se rendit, après trois longues journées de navigation, sur le lieu de destination. L’équipage était composé du capitaine Dubost et de quatre hommes d’équipage. Deux d’entre eux faisaient le voyage sur le Vauban. Les deux autres à bord du Refouleur.

Le 18 juillet 1986, la météo était claire et le ciel dégagé. L’ambiance à bord du bateau était détendue. Les hommes se reposaient avant leur mission. Les marins occupaient leur temps libre à jouer aux cartes et à réaliser des tests de vérification du système. Tout fonctionnait parfaitement. Une mission de routine. Soudain la radio dans la cabine commença  à percevoir des interférences. Cela n’inquiéta pas les hommes qui étaient habitués à ces désagréments. Mais les interférences s'intensifièrent. Le convoi arriva à proximité d’Oissel. Le capitaine Dubost se concentra. Il savait que c'était une étape clé. Entre Oissel et Saint-Étienne-du-Rouvray, la Seine est parsemée de petites iles rendant la navigation périlleuse.

"Au moment où le capitaine entama sa manœuvre, une sorte de nuage épais venant de tribord retint son attention."

Au moment où le capitaine entama sa manœuvre, une sorte de nuage épais venant de tribord, depuis les terres, retint son attention. Il avertit aussitôt ses hommes de cette situation pour le moins étrange à cette période de l’année. L'équipage entier se rejoignit sur le pont pour observer le phénomène. L’étrange nuage se déplaça sur l’eau et fit alors face au convoi. Les hommes sur le pont n'en revenaient pas. Ils n’avaient jamais rien vu de tel. Le capitaine Dubost passa un message radio pour décrire le phénomène tel qu’il le vit devant ses yeux. L’enquête révèlera plus tard que personne sur la fréquence ne parvint à comprendre distinctement le message tant la communication avec le convoi fut parasitée. L'un des membres d’équipage situé sur le refouleur prit son carnet et se mit à décrire l'étrange phénomène auquel il assista. Il nota l’heure à laquelle le convoi entra dans le nuage et les étranges phénomènes qui s’y déroulèrent. C’est grâce à ce carnet, retrouvé lors de l’enquête, que la gendarmerie constata que le bateau a rencontré des baisses de puissance et des coupures de courant. Il y est noté également que le moteur du Vauban s’est brutalement arrêté en plein milieu de cet étrange nuage et que celui du Refouleur s’est remis brutalement en route avant de devenir incontrôlable.


L’homme d’équipage écrivit que le nuage était devenu si dense qu’il ne parvenait plus à voir le Vauban, pourtant amarré au Refouleur. Il semblait avoir
disparu sans aucun bruit. Son collègue resté près du système de pompage semblait également avoir disparu.  Il tenta désespérément d’arrêter la machine, en vain. Voyant que le système risquait d’imploser, le matelot s’isola sur le pont et se protégea du mieux qu'il put à l’avant de la berge. Il écrivit dans son carnet que le brouillard s’intensifiait si fortement  que le « Refouleur » semblait s’effacer progressivement à travers la brume. Ce seront ses derniers écrits.


Le Vauban ne sera jamais retrouvé malgré la longue enquête. La barge « Refouleur n°1 », quant à elle, sera retrouvée échouée non loin du cimetière de bateaux de Conflans-Sainte-Honorine, à plus de 100 kilomètres de son lieu de disparition.



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